La contraception à l’ancienne

Donc qu’en est- il de ces méthodes non-chimiques : les méthodes à l’ancienne ? Certaines femmes ont recours à la méthode de contraception naturelle pour des raisons médicales ou tout simplement qu’elles préfèrent gérer leurs hormones sans produit chimique. Dans cette liste, nous trouvons les méthodes suivantes :

Les origines antiques de la contraception

La contraception remonte aux temps les plus anciens de l'humanité. Les découvertes archéologiques et les textes antiques démontrent que les civilisations égyptiennes, grecques et romaines maîtrisaient déjà diverses techniques pour limiter les naissances, même si la distinction entre contraception et avortement n'existait pas formellement.

Les méthodes contraceptives dans l'Égypte antique

Les papyrus médicaux égyptiens décrivent des procédés contraceptifs élaborés, témoignant d'une réelle connaissance pharmacologique. Les médecins prescrivaient des préparations associant des produits d'origine végétale, minérale et animale. Ces remèdes s'administraient par voie orale ou en application locale. Les femmes utilisaient notamment des pessaires en tissu imbibés de substances acides comme le citron, le miel ou le vinaigre, dont les propriétés spermicides sont aujourd'hui scientifiquement prouvées.

La contraception dans la Rome antique

À Rome, les textes médicaux mentionnent de nombreuses recettes contraceptives transmises de génération en génération. Les médecins romains préconisaient l'usage de tampons vaginaux imprégnés de substances végétales aux propriétés anticonceptionnelles. La gomme d'acacia, le genévrier et certaines huiles essentielles figuraient parmi les ingrédients les plus utilisés.

Les connaissances pharmacologiques

Les civilisations antiques avaient développé une connaissance empirique mais efficace des propriétés contraceptives de certaines substances. Les études modernes confirment que plusieurs des plantes citées dans les textes anciens contiennent effectivement des molécules aux effets spermicides ou anticonceptionnels. Cette pharmacopée traditionnelle témoigne d'un savoir sophistiqué, fruit d'observations minutieuses transmises à travers les siècles.

La dimension sociale et culturelle

Dans ces sociétés anciennes, la contraception ne faisait pas l'objet d'interdits particuliers. Les textes médicaux traitent de ces questions de manière pragmatique, sans jugement moral. Les méthodes contraceptives semblent avoir été largement diffusées et utilisées, notamment dans les classes sociales élevées. Cette situation contraste fortement avec les périodes ultérieures de l'histoire, où la contraception deviendra un sujet tabou.

Du Moyen Âge au XIXe siècle : entre interdits et pratiques

Du Moyen Âge jusqu'au XIXe siècle, les méthodes de contrôle des naissances ont évolué dans un contexte religieux et social complexe. Cette période marque une transition importante dans l'histoire de la contraception en France et en Europe, entre interdictions formelles et pratiques clandestines.

L'influence de l'Église sur les pratiques contraceptives

L'Église catholique condamnait fermement toute forme de contraception, considérée comme un péché contre nature. Les textes religieux du Moyen Âge assimilaient les méthodes contraceptives à des actes de sorcellerie. Malgré ces interdits, les populations continuaient d'utiliser diverses techniques pour limiter les naissances, principalement le coït interrompu qui resta la méthode la plus répandue jusqu'au XVIIIe siècle.

Les méthodes populaires du Moyen Âge

Les femmes utilisaient des pessaires artisanaux composés de tissus imbibés de substances diverses. Le préservatif, d'abord fabriqué à partir de peaux de poissons ou de boyaux de mammifères au XVIIe siècle, connut une évolution majeure avec l'utilisation du caoutchouc au XIXe siècle. Cette innovation le rendit plus confortable et plus accessible.

Innovations techniques au XIXe siècle

L'invention du diaphragme en 1880 constitua une avancée notable dans les méthodes contraceptives féminines. Ce dispositif, constitué d'une membrane en caoutchouc épais placée sur le col de l'utérus, devint rapidement le moyen de contraception féminin le plus utilisé avant l'arrivée de la pilule.

Le contexte social et industriel

La révolution industrielle modifia profondément les structures familiales et les comportements reproductifs. En France, les couples commencèrent à réduire volontairement leur descendance dès le XVIIIe siècle, phénomène qui s'accentua au XIXe siècle. Les ouvriers des villes, confrontés à des conditions de vie difficiles, cherchaient à limiter leur progéniture pour des raisons économiques.

Les pratiques contraceptives ou bien n'étaient pas connues dans nos sociétés traditionnelles, ou tout au moins y étaient considérées comme des pratiques ésotériques, hors de l'univers mental quotidien.N. Himes, Medical history of contraception, 1936

La première révolution contraceptive en France

La première révolution contraceptive en France débute au XVIIIe siècle, marquant un tournant dans l'histoire de la régulation des naissances. Les études démographiques des années 1970 ont mis en évidence ce phénomène qui se caractérise par l'adoption massive du retrait comme méthode de contraception.

L'émergence d'une pratique contraceptive massive

Au milieu du XVIIIe siècle, la france connaît une baisse durable de la fécondité, précédant de 50 ans les autres pays européens. Cette diminution s'explique principalement par la généralisation du retrait au sein des couples mariés. Le préservatif, alors nommé "capote anglaise", existe depuis le XVIIe siècle mais connaît une évolution technique majeure au XIXe siècle avec l'utilisation du caoutchouc remplaçant les boyaux de mammifères.

La répression légale de 1920

Les responsables politiques français, inquiets d'une possible "dépopulation" notamment après les pertes humaines de la Première Guerre mondiale, adoptent le 31 juillet 1920 une loi interdisant la propagande et la vente des procédés contraceptifs. Seul le préservatif reste autorisé pour son usage prophylactique. Cette législation n'empêche pas les couples de poursuivre leurs pratiques contraceptives, notamment le retrait.

La légalisation par la loi Neuwirth

Le 28 décembre 1967, la loi portée par lucien neuwirth marque un tournant décisif en autorisant la vente et l'usage des produits contraceptifs. Cette légalisation permet le développement de recherches scientifiques sur la contraception. Les démographes et épidémiologistes peuvent désormais étudier ouvertement les pratiques contraceptives de la population.

Évolution des méthodes disponibles

La légalisation entraîne une diversification des moyens contraceptifs. La pilule devient accessible, accompagnée par le développement du stérilet moderne. Le préservatif poursuit son évolution technique. Les femmes disposent progressivement d'un choix élargi de méthodes pour contrôler leur fécondité, marquant ainsi le début d'une médicalisation de la contraception.

"Les pratiques contraceptives ou bien n'étaient pas connues dans nos sociétés traditionnelles, ou tout au moins y étaient considérées comme des pratiques ésotériques, hors de l'univers mental quotidien" Extrait des articles de l'INED

Les méthodes traditionnelles et leurs efficacités

Les methodes contraceptives traditionnelles, utilisées pendant des siècles avant l'avènement de la contraception moderne, témoignent de l'ingéniosité développée pour contrôler la fécondité. Ces pratiques ancestrales, bien que souvent peu fiables, constituent un héritage historique précieux pour comprendre l'évolution du rapport à la procréation.

Le retrait : une méthode ancienne largement répandue

Le coït interrompu représentait la méthode contraceptive principale jusqu'au XIXe siècle, avec un taux d'échec estimé entre 15% et 25% selon les études historiques. Son utilisation massive en France dès 1750 marque le début d'une régulation volontaire des naissances. Les archives médicales attestent néanmoins de nombreuses grossesses non désirées liées à cette pratique peu sûre.

Les méthodes barrières naturelles

Les femmes utilisaient différents pessaires artisanaux : éponges marines imbibées de vinaigre, tampons de tissu enduits de miel ou de citron. Ces dispositifs vaginaux présentaient l'avantage d'être faciles à fabriquer mais leur efficacité restait aléatoire. Les textes médicaux anciens mentionnent également l'usage de boyaux d'animaux comme barrière mécanique lors des rapports.

Efficacité des méthodes traditionnelles

Méthode Taux d'échec estimé
Retrait 15-25%
Pessaires naturels 20-30%
Abstinence périodique 25-35%

Les recettes et croyances populaires

De nombreuses potions et pratiques étaient recommandées : décoctions de plantes supposées contraceptives, positions particulières durant le rapport, amulettes protectrices. Ces méthodes, sans fondement scientifique, reflètent les connaissances limitées en matière de reproduction. Les sages-femmes transmettaient oralement ces savoirs empiriques de génération en génération.

Préoccupations de santé

Le recours aux méthodes traditionnelles n'était pas sans risque : infections liées aux pessaires artisanaux, toxicité de certaines préparations à base de plantes. Les traités médicaux du XVIIIe siècle mettent en garde contre les dangers de ces pratiques pour la santé des femmes.

De la médicalisation à la contraception moderne

La transition vers une contraception médicalisée marque un tournant majeur dans l'histoire de la contraception en France. Cette évolution progressive, entamée au début du XXe siècle, a transformé les pratiques contraceptives en les inscrivant dans un cadre médical et scientifique.

L'émergence des méthodes médicales

Le stérilet connaît ses premiers développements en 1910, d'abord fabriqué à partir de ver à soie, puis évolue vers des modèles métalliques entre 1927 et 1966. Les dispositifs en cuivre et plastique, moins toxiques, apparaissent ensuite. Le préservatif masculin bénéficie d'une amélioration notable avec l'utilisation du latex dans sa fabrication, le rendant plus confortable et plus fiable.

La légalisation et la démocratisation

La loi Neuwirth de 1967 légalise la contraception en France. Le remboursement des pilules contraceptives par la Sécurité sociale intervient en 1974, facilitant leur accès pour les femmes. Les années 1980 voient le lancement des premières campagnes nationales d'information sur la contraception, avec notamment en 1981-1982 la campagne "La contraception, en parler pour la choisir".

Évolutions législatives majeures

En 2001, la loi autorise la délivrance de la contraception d'urgence aux mineures sans prescription médicale. En 2013, les pilules de 3e génération sont déremboursées suite à des alertes sanitaires. Le 1er janvier 2022, la contraception devient gratuite pour toutes les femmes jusqu'à 25 ans. En 2023, les préservatifs deviennent gratuits en pharmacie pour les moins de 26 ans.

La diversification des méthodes

Les années 2000 voient l'arrivée de nouvelles méthodes hormonales : patch, anneau vaginal, implant. En 2010, ces méthodes alternatives représentent 5% des usages contraceptifs en France. Les sages-femmes obtiennent en 2009 le droit de prescrire la contraception, élargissant l'accès aux soins.

L'accent sur la santé des jeunes

Les politiques de santé publique mettent l'accent sur l'accès des jeunes à la contraception. En 2023, 73% des femmes de 15-25 ans utilisent une méthode contraceptive. La gratuité des préservatifs pour les moins de 26 ans, instaurée en 2023, s'inscrit dans cette démarche de prévention et d'accès facilité à la contraception.